Décembre |
Croire en l'autre et m'y atteler... |
M'attacher à un leurre en faisant semblant d'y croire. |
M'étonner de tout ce qui m'entoure. |
Etre blasé et ne plus rien voir ni entendre. |
Les cloches de la basilique de Prague, de Lisbonne ou de Bruges. |
Me dire que c'était il y a sept, cinq ou trois ans car je sens proindre la nostalgie... |
Oublier que j'existe pour me sentir en vie. |
Exister sans réfléchir au risque de m'oublier. |
Novembre |
La mémoire de l'oeil, des temps, des lieux, des êtres et des choses. |
La mémoire encombrée et culpabilisante des râtés, des difficultés d'être et des insomnies dont elle est la cause. |
L'histoire des familles et le respect de nos racines. |
Les secrets de famille qui modifient l'image et l'harmonie d'une famille. |
En marchant, dire à l'autre ce qui est dans mon coeur. |
Devoir marcher seule si je suis aphone. |
Mémoriser un paysage fascinant lorsque je suis en voyage. |
Avoir oublié une parcelle de souvenirs, même un détail... |
Octobre |
La musique et les émotions qu'elle charrie |
Lorsque l'on me décortique chaque élément de la partition car cela atténue mon émotion. |
La peinture et les émotions qu'elle charrie |
Lorsque l'on me décortique chaque élément du tableau car cela atténue mon émotion. |
Découvrir un pays en ayant lu avant. |
Avoir l'impression d'avoir déjà vu ce pays quelque part. |
Le dire et l'écrire. |
Ne rien faire, ne rien écrire, ne rien dire. |
Septembre |
Voir s'allumer le désir dans le feu d'un regard enamouré. |
Ne lire rien d'autre que l'exécution, même parfaite, de choses programées. |
Dire mon senti. |
Entendre médire sur l'autre et devoir m'encombrer de ce souci. |
Oublier mon âge quand le rire me submerge. |
Glousser et ne laisser échapper aucun son lorsque le rire me guette. |
Entendre une mine de stylo crisser sur l'horizon immaculé du papier. |
Que se heurtent en moi des contradictions d'encre dénuées de syntaxe sensée. |
Août |
Le rythme langoureux des cascades de syllabes qui germent en moi. |
Sonner à vide, comme si j'étais une habitante des creux à l'âme. |
M'étonner et rire de presque rien. |
Etre accaparée par un tout ou des presque... |
M'isoler, laisser s'exprimer mon silence intérieur. |
Lorsque l'on m'empêche de m'isoler. |
Les effets des contradictions et les débats qui en résultent. |
Lire en l'autre uniquement l'exécution, même parfaite, des choses établies. |
Juillet |
Ma pointe Bic, de préférence noire d'ailleurs. |
Les autres couleurs car elles signifient corrections et, avant de corriger, je suggère. |
Entendre le silence du souffle de mon amant. |
Ne pas caler le mien sur le sien. |
Métourdir de musiques, de bruits, de mes dehors. |
Etre contrainte de devoir m'étourdir car c'est un peu comme mourrir. |
Juin |
L'éclair, la foudre et le jaillissement des feux. |
Après. L'après. l'après orage. L'après fin. l'après tout... |
L'Histoire remplie d'histoires. |
Lorsque l'on me rappelle l'histoire des miens sortie du contexte de l'Histoire. |
Rire. |
M'entendre rire. |
M'isoler pour mieux penser. |
Souffrir d'isolement quand aucun regard ne vient croiser le mien. |
Le "tu". |
L'écho de ce "je" empli de verbiages pourtant si répandus chez nos contemporains. |
Mai |
Tout ce qui a trait, de près ou de loin, au chocolat. |
Le chocolat noir trop amer tant il désacralise l'image que je me fais du praliné conjugué au lait ou aux noisettes, qui me fait voguer sur un nuage, sans amertume. |
Ecouter au-delà des limites. |
Etre limitée par la logorrhée verbale. |
Attendre celui pour qui tourne l'horloge de mon coeur. |
M'imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, en retard sur les rivages de l'horloge de son coeur. |
Le pelage des choses soyeuses apprises par coeur. |
Faire du rêve avec une pensée trop rêche. |
Avril |
Les livres, les envois et les dédicaces. |
Les livres tous neufs qui n'ont jamais été lus. |
Dater, répertorier, organiser ma boîte à souvenirs. |
Lorsque quelqu'un se rappelle de quelque chose à ma place. |
Garder ma place pour ne pas perdre ma tête. |
Que l'on me prenne ma place lorsque je m'absente. |
Les murmures et le senti. |
Les gens qui parlent à trop haute voix. |
Mars |
L'histoire, les histoires... surtout celles des autres. |
Lorsque quelqu'un cherche à faire des recoupements entre mes écrits et mes histoires. |
Apprécier la tristesse alors que j'ai terminé la lecture d'un roman. |
Ressentir un vide dans j'ai fini d'écrire. |
Feuilleter un livre avant de débuter sa lecture. |
Etre envahie par les a priori et les "on dit". |
Gôuter avec naturel à la spontanéité d'une plume à découvrir. |
Subir la subjectivité en me mettant entre parenthèses. |
Février |
Le blanc et la couleur du temps. |
Les rayures qui supplantent l'ordre de mes choses qui auraient eu envie, à ce moment précis, de torsades plus harmonieusement souples et volutées. |
Les paillettes de couleurs qui égayent un espace dépouillé. |
Lorsqu'un ton impose à mon tournis intérieur un malaise difficile à canaliser. |
Glisser sur la ruée. |
Déraper sous le son des huées malveillantes. |
Me répandre au plus près de mon senti. |
Devoir éponger mes excès au risque d'être repérée. |
Janvier |
Flotter et épier chez les autres des bribes de romanesque. |
Que l'on décelle chez moi le regard taquin de l'auteur que je préssens être de temps à autres. |
Aimer, tout simplement. |
Que l'on m'aime en dépit du bon sens. |
Tout attendre d'un livre à démarrer. |
Devoir quitter un univers qui m'a accompagnée et ravi mon quotidien. |
Oublier mes personnages pour m'investir dans de nouveaux. |
Qu'ils me reprochent de les avoir oubliés. |