Décembre |
Lorsque s'agitent des idées, dans mon âme, au creux de mes pensées. |
Ne rien sentir, remuer alors que les larmes ne demanderaient qu'à couler et la plume s'exprimer. |
La redondance et l'éclat. |
Le retour des choses et les éclaboussures de l'apparaître. |
Voir l'histoire, pas le coin de mon imaginaire. |
Que l'on m'espionne alors que je donne des histoires et de l'épaisseur à mes personnages. |
Dire oui. |
Me l'entrendre dire à contre-coeur. |
Toutes les saveurs sucrées, bien sûr. |
Le salé au goût des larmes du temps passé. |
Novembre |
Etablir les faits et créer des résonances. |
L'écho de jugements désagréables pourtant jamais suscités. |
La tolérance et la tempérance. |
Les pérfixes privatifs qui interfèrent avec toutes les meilleures intentions du monde. |
Planifier et projeter. |
Les obstacles immobilisants, les plans caduques et les projections dans le passé. |
Etre surprise en un mot, par un mot. |
Ce participe privé de son préfixe qui ne convient pas toujours. |
Octobre |
Oublier que j'ai été en colère. |
Manquer de respect à autrui alors que la colère me submerge. |
Me rappeler que la colère provient souvent d'un désordre à l'image de souvenirs en vrac laissés dans un grenier. |
Lorsque la colère se rappelle à moi et qu'elle exige que je range mes idées, laissées en vrac dans mon grenier, en deux minutes. |
Définir et élire des priorités. |
Etre noyée sous des trombes de détails. |
Voir se dessiner les idées principales. |
Repérer la principale et passer à côté de la subordonnée. |
Etre appelée pour s'épancher. |
Lorsque l'on me rappelle d'anciennes situations que je veux tenir en dehors de moi. |
Ce présent avec ces nouvelles choses établies. |
Le passé qui surgit sans crier gare. |
Septembre |
Etre éblouie. |
L'ombre d'une image dissimulée par un hâlo de lumière agressive. |
La lumière tamisée et les ombres devinées. |
L'artifice d'un feu éclaboussant prêt à s'éteindre sitôt les talons de la convenance tournés. |
Entendre une sonnerie de téléphone originale. |
Avoir la désagréable impression de reconnaître une sonnerie et de me tromper. |
Etre dans l'originalité. |
En être victime, piégée par mon propre jeu. |
Août |
Un don, spontané, qui n'attend jamais de retour. |
Surprendre dans l'attitude des autres une commisération explicite en vue d'attendre quelque chose de moi. |
Cette sensation de clarté qui suit l'absence de mots et qui permet de relativiser un nuage. |
L'indicible qui se cantonne au non dit au point de sentir la chose passée sous silence. |
L'ivresse de l'oubli. |
Les souvenirs qui flirtent avec la mélancolie. |
La voix, son vécu, ses intonations sincères. |
La voix retravaillée dont les ondes ne résonnent qu'avec appris. |
Le moment juste avant la rencontre lorsque l'on s'imagine. |
Avoir été dupée par mon imagination et descendre de haut. |
Voir danser un nuage dans un ciel étroit. |
Les nuages qui éclipsent les étoiles. |
Juillet |
Ecouter et entendre. |
M'éreinter à parler car c'est bien loin de mon naturel. |
Psalmodier en mâchonnant des paroles d'antan. |
Entendre des faux airs de sincérité d'aujourd'hui dénués d'émotion. |
La dictée et les dictées. |
Que l'on me rappelle que j'ai oublié un "s" d'un pluriel récalcitrant. |
Epeler pour mémoriser. |
Garder en mémoire des lettres inutiles qui se jouent de mon amnésie. |
Etre inondée par l'émotion du chagrin. |
Etre sous une pluie torrentielle sans abri ni égard. |
Attendre et guetter la rumeur du dehors. |
Subir la pression d'un temps précipité au risque de froisser mon dedans. |
Juin |
Les talons effilés qui soulignent la féminité. |
Repérer une démarche qui s'embourbe dans une allure chaotique due au port de talons inadéquat ou impropre à la consommation pédestre de la passante. |
Regarder, en face, les êtres et les choses. |
Etre face à une fuite ou un évitement en trompe l'oeil. |
Avoir l'oeil sur des détails peu encombrants. |
Etre envahie par des futilités d'ordre général qui me font perdre de vue les détails. |
Discourir pourvu que l'on ne m'arrête pas. |
Rester évasive et ne plus savoir me situer. |
Percevoir des signes d'un destin à l'horizontal. |
Que seul l'horizon ne soit prétexte à écrire et que mes consonnes manquent à l'appel de la verticalité. |
Découvrir, déployer, démontrer en me cachant derrière un préfixe. |
Oublier qu'un mot est un composé d'un radical cerné par des avants et autres suffixes. |
Mai |
La couleur du temps surtout lorsqu'il fluctue. |
Les couleurs vives imposées par une publicité vantant les mérites d'un produit hors du temps. |
Le hors champ, le hors du temps de ce temps qui va au dehors. |
Le désordre intérieur qui ne trouve pas sa voie et se heurte aux parois des lois édictées par des hommes fous courant après le temps. |
La couleur, du temps certes, mais aussi du coeur, d'un regard, d'une parole... |
La folie de la vitesse qui conduit à griller le rouge ou choisir un tableau alors qu'il n'est pas achevé. |
Avril |
Etudier. |
Etre étudiée. |
Etre bouleversée. |
Etre en proie à des bouleversements qui me dépassent. |
Maîtriser. |
La métrique systématique des vers et des paroles. |
Versifier, palabrer. |
Que tout soit régi par trop de règles. |
Le tintement des choses au quotidien. |
La disharmonie. |
Le suffixe d'écrivaine si c'est celle de la définition pure de l'écriture. |
La connotation négative et ne pas pouvoir m'en désengloutir. |
Transposer. |
Que l'on m'y incite. |
Croire ma plume voguer au large d'horizons imaginaires. |
Prendre conscience que ma plume n'est plus réellement la mienne... et qu'elle s'est appropriée mes horizons d'attente. |
Mars |
Le bruit du crissement du sable sous mes semelles l'hiver. |
Celui des pneus ou du dérapage incontrôlé des ongles trop longs sur le tableau noir de l'école. |
Le subjonctif, même s'il n'est plus tout à fait à la mode. |
La mode, lorsqu'elle se contente de l'indicatif. |
Dire, sans médire, puis redire s'il le faut. |
Faire semblant te dire en redisant ce que chacun médit. |
Idéalement croire à la destinée et aux idées. |
Les gens qui ne croient qu'à une seule et même idée du destin. |
T'entendre gémir de plaisir. |
Prendre plaisir à harceler ton silence. |
Qu'advienne cette volonté tant décriée. |
L'idée qui pourra advenir de tout message. |
Février |
Idéaliser. |
Atterrir et perdre de vue l'idéal de départ. |
Entrevoir pour espérer voir autre chose. |
La netteté des choses perturbée par des verres à double foyer. |
Eloigner pour mieux voir. |
M'éloigner pour comprendre que ceux qui ne m'entourent plus me manquent. |
Tisser, broder, ébaucher. |
Raccommoder, rattraper et clôturer. |
La finition d'un ourlet fait avec application. |
M'entendre dire à la fin d'en entretien : on verra la prochaine fois. |
Les allusions de la fiction. |
Les illusions de la réalité. |
Voir clair dans le noir. |
La clarté des évidences. |
Janvier |
Donner au change et ne rien attendre en échange. |
Que l'on m'implique dans un don que j'avais prévu de faire par moi-même. |
Ce moment particulier où le livre devient réalité et où sa voix va être entendue. |
Difficilement discerner le chas de l'aiguille et me devoir me fier à mon unique vision que je sais troublée depuis longtemps. |
Reléguer au second plan les sentiments néfastes. |
Consentir à agir par sentimentalisme. |
Lorsque le vent du dehors gonfle le linge récemment étendu sur des fils de fortune et m'emplisse de bien être. |
Savoir que beaucoup de gens n'ont pas ma chance et que mon bien être leur paraisse injurieux. |
Donner du sens au sensible. |
Que mon intelligible paraisse insensé. |
Le premier jour de l'année qui me fait penser au commencement du monde. |
Le cortège de bonnes résolutions qui ne durent jamais très longtemps. |