Si j'oublie mes lunettes de soleil - dont la monture est finement travaillée avec deux petites escarboucles sur chaque branche - en pleine canicule, je suis comme un navire sans voile de misaine un peu emprunté et obligé de cligner des yeux afin de réduire mon champ de vision extérieur.Je me concentre alors, docile et gentil, sur ma vision intérieure de cette réalité appelée quotidien. J'en profite pour digérer mon cassoulet de ce midi et soliloquer un peu. Comme au Scrabble, je jongle avec les lettres et apprivoise l'orthographe tel un zombi scolaire pris en flagrant délit d'école buissonnière avec la réputation - injustifiée - d'en faire qu'à ma tête. Dès qu'un arbre me soulage et me permet de recouvrir ma vision normale, je m'affuble d'une perruque et d'une ombrelle, certes un peu féminines mais au diable le qu'en-dira-t-on, pour affronter plus efficacement la prochaine clarté lumineuse du premier matin des choses.