Assis confortablement dans un fauteuil au repos du monde, il laisse voguer ses pensées. Il se revoir au beau milieu de sa chère famille, jouer avec son chat à la recherche d'une souris imaginaire. Il visualise également avec netteté, et sans binocles, les soirées au coin du feu scandées par la voix mélodieuse de sa grand-mère. Elle savait habiter toutes les situations romanesques et contait délicieusement les parcours de l'indigent en quête de nourriture, celui de la virago proche d'une marâtre qui terrorisait les enfants ou encore celui du personnage nerveux en passe de devenir un héros.
Ce qu'il préférait par-dessus tout c'était lorsqu'elle lisait des textes surréalistes emplis de poésie parfois opaques pour son entendement de petit garçon, et qu'en même temps elle réajustait ses jarretelles avec naturel. En quelques secondes André Breton et Robert Desnos étaient relégués au second plan... En bref, tout un mélange de choses importantes et dérisoires qui n'étaient jamais nuisibles à sa santé et qui lui permettaient de reprendre ses occupations là où il s'était arrêté pour songer un instant tranquillement installé dans son fauteuil préféré.