- Ce n'est pas qu'en hiver que l'on peut déguster des huîtres ! A Noirmoutier, j'en mangeais en août avec ma grand-mère.
- Tu as raison Hector.
- On ne trouvait même jamais assez d'ombre auprès de l'hêtre pour faire une petite sieste.
- Tu as raison Hector.
- Un jour, j'ai voulu manger les faines avec du sucre ! Que j'ai été malade !
- Heureusement que j'avais le nécessaire à pharmacie dans le havresac de ton grand-père.
- Ah oui ! Le sac à avoine ?
- Tu te rappelles ?
- Je pense bien. On allait nourrir Harmonie à l'aube au fond de la prairie nord. On avançait à pas comptés, elle était farouche et l'avoine accentuait sa fougue.
- C'était il y a au moins...
- Chut ! Grand-mère ne dis aucun chiffre. J'ai la hantise des nombres. Depuis que je suis un homme, j'ai mis un point d'honneur à me laisser voguer au gré de mes émotions, sans restrictions aucunes. Ma mémoire a tout rassemblé en vrac : les hivers douillets recouverts d'une fine poudreuse douceâtre, le hérisson dont chaque pic était décoré d'un flocon. Aucun homme, tu m'entends, aussi hardi qu'il puisse être ne me fera renoncer à mon home intérieur, celui que je couve depuis l'enfance et qui me protège de tout. Tu m'entends ? C'est toi ma fée gardienne.
Ses yeux doux semblaient lui murmurer : t'as raison Hector.